La ville de
Fréjus, et par-delà toute la
Côte d'Azur, commémore, ce mercredi 2 décembre, le triste anniversaire de l'une des plus graves catastrophes naturelles que la France ait connu au XXe siècle : le 2 décembre 1959, à 21 h 13, la digue du barrage de
Malpasset, mis en eau cinq ans plus tôt en amont de l'antique cité romaine, dans la
vallée du Reyran, éclate sous la poussée des eaux, consécutive aux pluies torrentielles survenues sur l'
Estérel depuis le mois d'octobre précédent. Une vague d'une quarantaine de mètres de haut déferle dans la petite vallée, entrainant avec elle des blocs de béton de plusieurs dizaines de tonnes. En une vingtaine de minutes, semant la mort sur son passage (120 victimes dans la vallée…), la vague atteint
Fréjus dont les habitants regardent paisiblement la Piste aux Étoiles à la télévision. Des millions de mètres cubes d'eau submergent les terres, emportant un autorail, détruisant maisons et immeubles, envahissant les antiques arènes romaines avant d'aller se déverser dans la Méditerranée toute proche, ruinant au passage la base aéro-navale.
Le bilan est catastrophique : on dénombre 423 victimes dont 150 jeunes gens de moins de 21 ans, 134 hommes et 112 femmes adultes. 27 personnes ne pourront être identifiées. La vague meurtrière fait en outre 79 orphelins, détruit plus de 150 constructions, en endommage plus de 800 autres. Un millier de brebis sont emportées par les flots, 1 350 hectares de terres agricoles sont sinistrées dont 1030 en totalité.
Les secours sont aussitôt déclenchés : la population, immédiatement alertée par le tocsin qui retentit avant même que la vague n'ait atteint la mer et, dans la foulée, les militaires des bases voisines, portent secours aux survivants. L'armée américaine, encore présente dans la région à cette époque, développe de gros moyens pour venir en aide au sinistrés et retrouver les corps des disparus. Dès le lendemain, la solidarité s'organise. L'ampleur et la soudaineté de la catastrophe ont ému tout le pays et même au-delà des frontières. L'aide matérielle afflue de toute part… La Poste émet un timbre surtaxé de 5 francs (d'avant 1960) dont le produit est entièrement reversé aux sinistrés. Le
Général de Gaulle, tout nouveau président de la République, vient sur place apporter son soutien aux Fréjussiens.
Les causes exactes de cette tragique catastrophe ne seront jamais établies scientifiquement, même si l'épaisseur de la voûte a souvent été mise en cause (c'était le barrage-voûte le plus fin d'Europe !). En décembre 1967, huit ans après, venait l'épilogue judiciaire : la cour de cassation concluait qu'aucune faute humaine ne pouvait être retenue contre quiconque…
Les ruines du barrage de Malpasset, dans la vallée du Reyran. (Photo Michel Royon).
Pour en savoir plus :Télévision - Mercredi 2 décembre : France 3 Méditerranée consacre une page spéciale à la commémoration du drame dans ses éditions de 12h et 19h.
Exposition : 2 décembre 1959 :
La rupture Espace culturel Paul Vernet, Fréjus, jusqu'au 6 décembre
Internet : outre le site de la
Mairie de Fréjus (
http://www.ville-frejus.fr), un site incontournable :
http://pagesperso-orange.fr/forum-julii/20-MALPASSET.htmLivre : "
Souvenons-nous" Barrage de Malpasset, 2 décembre 1959. Ouvrage iconographique de
Jean-Paul Vieu, journaliste reporter en 1959. Edité par l'Association du Cinquantenaire de la Catastrophe de Malpasset (25 €).