GILLES TRE-HARDY ST RAPHAEL - De la brousse Africaine aux atolls de Polynésie en passant par la Côte d’Azur, Gilles Tre-Hardy a laissé son empreinte. Celle d’un grand serviteur de l’État, humaniste. Un homme libre qui a toujours refusé d’appartenir à une quelconque faction. Libre, pétri cependant de convictions : en 1939, la veille de ses 18 ans, ce fils d’officier s’engage dans la cavalerie ! A cheval, avec sabre et fusil, il affronte les blindés allemands. Décoré de la médaille militaire, prisonnier il parvient à s’évader à sa 3 ème tentative. Gilles Tre-Hardy rejoint un réseau de résistance de l’Yonne puis participe à la libération de Paris.

Au service de la France, puis de l’Etat, cet aristocrate, homme de cœur, au regard malicieux a toujours privilégié le facteur humain. Dans les nombreux pays où il a fait escale, partout cet « éternel voyageur » a été apprécié. Les êtres passaient avant sa carrière qu’ils s’agissent de ses frères d’arme ou des africains qu’il aida en tant qu’administrateur colonial.

Nul doute que mardi 20 octobre 2009 à 14H30, en la cathédrale de Saint-Raphaël, ils seront nombreux à rendre un ultime hommage à cet amoureux de la Côte d’Azur. Et du monde. Dans les Alpes-Maritimes, délégué régional au tourisme de 1969 à 1976, après avoir occupé ce poste en Bretagne, il a contribué à initier une nouvelle approche du tourisme. Précurseur, ce « très grand professionnel », selon Dominique Charpentier, Directeur du Comité régional au tourisme Riviera Côte d’Azur, a perçu la nécessité de rénover la politique touristique. Ainsi, créa-t-il le concept de « basse saison » qui a permis aux hôteliers azuréens de travailler en hiver. Il organisa les premiers voyages de journalistes étrangers vers la Côte d’azur tout en créant les premiers guides détaillés en 4 langues.

En 1976, Gilles Tre-Hardy a été attiré par d’autres rivages. Il est nommé administrateur en Polynésie française des Iles Marquises puis des Tuamotou où il rencontrera Jacques Brel et sa compagne Madly qui devinrent des amis. Au début des années 80, Gilles Tre-Hardy a pris sa retraite : l’occasion pour lui et son épouse durant 61 ans, Marthe, de partager sa vie entre la Côte d’Azur et ses passions de toujours : la pêche en Alaska et la chasse en Afrique.

Un continent où l’aventure lui a toujours semblé possible. En 1945, il part en Afrique Occidentale Française, dans l'Administration coloniale, d'abord en Côte d'Ivoire, puis au Niger et enfin en Oubangui Chari (Centrafrique). Il est à l’origine de la construction d’écoles, au cœur de la brousse, destinées aux jeunes africains ou de ponts reliant des villages. Certains de ces ouvrages subsistent «Partout où je suis passé, j'ai trouvé des choses différentes à faire, à explorer, à organiser avec des gens d'une autre culture que la mienne. Cela m'a passionné! » écrira t-il dans l'un de ses livres.

Gilles Tre-Hardy a signé plusieurs ouvrages plein d’humour: la « cavale du cavalier » retrace ses évasions... et premières désillusions. Avec "Qu'as-tu fait de ton frère", il livre un témoignage humain de son travail comme administrateur en AOF. Quant à "Kota Doli", c’est un superbe ouvrage sur la nature, coutumes et  chasses/pêches  africaines. Ces livres fourmillent d’anecdotes qu’il se délectait à raconter  Ainsi, en 1956 François Mitterrand garde des sceaux en visite au Niger veut chasser le buffle. Voyant l’animal à portée de son fusil, il le met en joue et le blesse. Aussitôt, le buffle charge en direction du futur président de la république. Gilles Tre-Hardy évite le pire à François Mitterrand abattant le buffle à quelques mètres de lui. Les deux hommes évoqueront l’épisode cinquante ans plus tard à l’Elysée.

Toujours en quête de nouveaux rivages, cet éternel explorateur du monde a cependant maintenu des liens étroits avec sa famille, son épouse, Marthe, ses 5 enfants qui lui ont donné quinze petits enfants et sept arrières petits enfants. Le tout dernier vient de naître presque au même moment où Gilles Tre-Hardy entame un ultime périple. Dans une contrée pas forcément si lointaine….