Durant le long règne de Louis XIV, le Comté de Nice passe par deux fois sous la domination française. Ces changements de souveraineté (1691-1696 et 1705-1713) interviennent à l’occasion des guerres de la ligue d’Augsbourg et de la succession d’Espagne.
Ces conquêtes du roi de France s’effectuent toujours selon une même stratégie militaire. Les troupes s’attachent tout d’abord à neutraliser les places-fortes du pays niçois (Villefranche, Mont-Alban, Saint-Hospice). Mais l’objectif majeur reste la soumission de Nice. La reddition de la capitale apparaît indispensable, avant d’envisager le siège du château. La prise de la forteresse met un terme définitif aux opérations et marque le changement de souveraineté.
En avril 1691, deux semaines avaient suffi à M. de Catinat pour se rendre maître de la ville et du château de Nice. La débâcle de la citadelle réputée imprenable entraîna alors la soumission rapide des autres communautés du comté. Le 14 avril 1705, appliquant la même tactique, le duc de la Feuillade réussit à obtenir la capitulation du comté mais l’assaut de la ville et du château est remis à plus tard, Louis XIV souhaitant envahir le Piémont. Cette décision établit une situation des plus paradoxale : le comté de Nice est désormais administré par les Français, mais Nice et son château sont toujours aux mains des Piémontais. Louis XIV décide de confier le siège de la ville à l’un de ses plus fins stratèges, M. de Berwick.
Le 14 novembre au matin, il somme les Niçois de se rendre. La cité capitule le même jour, sans qu’un seul coup de canon ne soit tiré ; la citadelle résiste jusqu’au 4 janvier 1706, quand l’Etat-major du château décide de se soumettre au duc de Berwick. Louis XIV se rend pour la seconde fois maître de Nice et devient l’unique souverain du comté. Mais la répétition des sièges et l’importance des pertes militaires et civiles, conduisent le Roi-Soleil à s’interroger sur l’utilité de conserver ou non cette place-forte.
Louis XIV ordonne finalement la destruction complète des ouvrages militaires à Nice. La cité perd ainsi la totalité de ses fortifications pour devenir une ville ouverte. La ville est cependant autorisée à conserver une enceinte pour se protéger éventuellement des inondations du Paillon. Selon Louis XIV, ce démantèlement est l’étape nécessaire pour permettre aux Niçois de vivre désormais en paix.
Pierre-Olivier CHAUMET
(Louis XIV, Comte de Nice, Serre Éditeur, 2006)