Depuis, plusieurs témoins ont décidé de sortir de leur silence : le dossier des frères Paoli s’est renforcé. De six témoignages recueillis au départ, une dizaine d’autres personnes ont accepté de raconter, par écrit ce qu’elles savent. Ces nouveaux récits sont particulièrement troublants.
Ainsi en est-il de la déclaration d’un promeneur, Étienne Bonnet. Le 11 septembre 1968, il se trouvait, vers 10H30, au bord de mer entre Juan-les-Pins et Golfe-Juan. Muni d’une paire de jumelles, il regardait l’évolution de gros poissons :« J’ai regardé la caravelle qui descendait assez lentement vers Nice. Soudain, une traînée bleu ciel, provenant de l’extérieur, frappa l’appareil à la hauteur du réacteur sur son côté gauche. Un incendie se déclara. Puis, une terrible explosion se produisit. Des boules de feu se confondaient avec les nuages et des morceaux en feu tombaient sur la mer. Une deuxième explosion eut lieu et le reste de l’appareil tomba en feu dans la mer ».Ce témoignage accréditant que la caravelle a été percutée de l’extérieur est considéré comme déterminant par Mathieu Paoli. Il a demandé à cet homme pour quelle raison il parlait si tard : « il m’a expliqué qu’il avait eu peur. Aujourd’hui, je veux soulager ma conscience ».Certes, ce témoignage ne suffit pas à rouvrir une enquête. Il n’est cependant pas unique.
Ainsi, un appelé qui était en poste radar à Prunet-Belleville au PC de défense Nord de la France chargé de la surveillance de l’espace aérien, raconte : « Je travaillais en salle d’opération en tant que sous-officier le jour de la catastrophe. La caravelle aurait subi un tir d’essai de missile sol-air qui aurait détruit l’appareil. C’est la version qui a été évoquée en salle d’opération par les officiers.» Ce témoignage complète d’autres qui méritent d’être étudiés.
C’est le cas de celui de Bernard Famchon. Il était serveur au foyer du 40e Régiment d’artillerie à Suippes, près de Mourmelon. : « Un soir de l’été 1970, un militaire a fondu en larmes. J’étais en septembre 1968, en Méditerranée, servant sur une batterie a-t-il confié. Nous disposions d’un radar automatique, couplé avec la batterie qui devait abattre un avion cible militaire qui allait passer. Tout était réglé automatiquement. Quand l’avion est passé sur le radar, l’automatisme a fonctionné, le missile est parti. Aussitôt après, on nous a prévenus qu’il fallait arrêter le tir car il y a avait un avion civil qui arrivait. Mais c’était trop tard : le missile était parti ! ».
Ces témoignages, parfois indirects, ne constituent pas des preuves d’un point de vue judiciaire. Ils confortent la thèse du missile. Désormais, l’État se doit de dire la vérité.
Paul Barelli
Le billet du Petit Niçois
Les autres articles de NiceRendezVous sur la Catastrophe de la Caravelle
NICE AJACCIO La catastrophe de la caravelle
NICE Caravelle Ajaccio-Nice Plainte contre l’armée française
Caravelle AJACCIO NICE Éric de Montgolfier classe le dossier
Caravelle AJACCIO NICE abattue par un missile affirment plusieurs témoins